L’agriculture algérienne s’apprête à vivre un tournant majeur. À peine nommé ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Yacine Oualid affiche clairement ses ambitions : faire entrer le secteur dans une ère nouvelle, fondée sur la jeunesse, l’innovation et la technologie.
Le signal est fort. Son département vient de lancer une campagne nationale de recrutement, mais pas n’importe laquelle. L’annonce, publiée en anglais sur le site du ministère avec un accrocheur « We are hiring », s’adresse directement à « une nouvelle génération de jeunes talentueux et enthousiastes » prêts à relever les grands défis de la modernisation agricole.
Cette ouverture à la jeunesse traduit une volonté politique assumée : transformer un secteur longtemps perçu comme traditionnel et sous-performant en un levier stratégique de souveraineté alimentaire. Les candidats sont invités à mettre leurs compétences — qu’elles soient technologiques, agronomiques, financières ou autres — au service d’un projet collectif : construire l’avenir agricole de l’Algérie.
L’esprit pionnier des jeunes déjà sur le terrain
Cette stratégie s’appuie sur une réalité de terrain : depuis plusieurs années, les jeunes Algériens sont déjà en première ligne sur les « fronts pionniers » agricoles, notamment dans les régions steppiques et sahariennes souligne TSA Algérie.
À El Oued, par exemple, des agriculteurs ont conçu leurs propres pivots d’irrigation à partir de pièces recyclées de casses automobiles, transformant une contrainte en opportunité. Ces innovations locales ont permis de développer la culture de la pomme de terre et de faire émerger un nouveau pôle de production.
À Biskra, d’autres ont pris l’initiative d’installer des serres maraîchères sur des terres louées, s’acquittant d’un tour d’irrigation auprès des propriétaires de forages. Là encore, l’ingéniosité a été au rendez-vous : petits réservoirs métalliques pour maintenir la pression dans les réseaux de goutte-à-goutte, systèmes artisanaux de fertigation avec des bidons plastiques… autant d’exemples qui illustrent la créativité d’une nouvelle génération prête à innover malgré des moyens limités
Changement de génération et nouveaux défis
Cette campagne de recrutement marque aussi un passage de relais générationnel. L’ancienne garde d’ingénieurs et de techniciens, qui a structuré l’agriculture algérienne après l’indépendance, laisse peu à peu la place à de nouveaux profils. Leur mission : relever les défis d’un pays dont la population s’approche des 50 millions d’habitants et garantir sa sécurité alimentaire.
Les enjeux sont considérables. Il s’agit non seulement d’optimiser l’usage de l’eau — notamment dans des régions comme El Oued — mais aussi de limiter les risques de pollution des nappes par les nitrates issus des engrais. La montée en puissance de la FoodTech, chère au ministre Oualid, devra permettre de développer des solutions pour protéger les cultures, valoriser les protéines végétales et réduire la dépendance aux importations.
Vers une agriculture numérique et connectée, un paris sur l’avenir
L’autre grand chantier du ministre est la numérisation du secteur, encore largement dominé par l’informel. L’objectif : disposer de statistiques fiables pour mieux planifier les politiques publiques, suivre les rendements, anticiper les crises et piloter les stratégies agricoles nationales.
Ce projet de rajeunissement et de modernisation s’inscrit dans une vision plus large portée par le président Abdelmadjid Tebboune, qui rappelle régulièrement que l’agriculture doit devenir un pilier stratégique de la souveraineté nationale.
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